Histoire d'hier

Deux âges d’or caractérisent Montaigut-le-Blanc : le XIIème siècle pour ses seigneurs et le XIXème siècle pour l’ensemble de la commune.

L’histoire remonte au XIème siècle, à une période de troubles qui incite les habitants de Saint-Julien à se réfugier sur la butte de Champeix et sur le " Mons acutus ", qui deviendra Montaigut. Au début, il n’y a que le château, réduit alors à un donjon, et l’église, que l’on a fortifiée. Celle-ci accueille des moines dépendant du prieuré de Sauxillanges. Au XIVème siècle, une muraille est construite, entourant l’ensemble du village établi sur la pente la plus douce. C’est l’âge d’or des seigneurs de Montaigut. L’un deux, Guérin, n’est autre que le grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, c’est-à-dire des Hospitaliers. Son frère, Pierre, occupe la même fonction douze ans plus tard auprès des Templiers. Les deux frères sont alors à la tête des deux plus grands ordres de chevalerie du monde occidental et participent notamment à la cinquième croisade, en Égypte. Au siècle suivant c’est Odon qui devient grand prieur d’Auvergne de l’ordre des Hospitaliers. La famille est encore puissante au XIVème siècle mais elle s’émiette peu à peu pour quasiment disparaître du village au XVIIème.

Les seigneurs de Tourzel prennent alors le relais pour le laisser, en 1775, à Jean Charles de Laizer. Avec lui, le château est de nouveau habité. Grâce à son fils Louis-Gilbert, naturaliste et collectionneur réputé de minéraux, il devient même un lieu de rassemblement de savants. On doit même à ce marquis d’avoir découvert les vertus de l’eau d’Evian ! Les vicissitudes de la révolution vont le conduire jusque dans l’armée de Condé, au service du roi de France, puis en Suisse. De retour à Montaigut, il décide d’abandonner l’antique demeure seigneuriale, rendue entre-temps inhabitable. Le château vendu comme bien national subit alors d’irréparables dommages et sert de carrière aux habitants. Le village, quant à lui, est pauvre en cette fin de XVIIIème siècle. On se rappelle que, vers 1780, le curé, n’ayant plus de presbytère, était obligé de loger chez l’habitant à tour de rôle ! Le vieux village, d’accès difficile, fut en partie abandonné, les habitants préférant s’installer dans la vallée de la Couze Chambon, le long du chemin de Besse où il y avait plusieurs moulins importants.

Il en sera tout autrement au siècle suivant, avec l’extension prolifique de la vigne, à laquelle s’ajoute l’activité d’une quinzaine de moulins sur la Couze Chambon. On peut sans doute parler d’âge d’or pour le village. La population de la commune n’a jamais été aussi nombreuse, près de quatorze cents habitants, et certaine familles sont assez riches pour offrir des vitraux à leur église. Le village renoue avec la prospérité en plantant des ceps sur les moindres coteaux, même entre les maisons ! Les villageois multiplient alors les caves sur la commune.

La " Serre " est une colline rectiligne née voilà un million d’années de l’enchevêtrement de deux coulées de boue et de cendres du Sancy. De nombreuses caves seront creusées le long de celle-ci ainsi que sur la commune (140 sur la Serre et 184 sur la commune !). La plupart ont été abandonnées, le phylloxéra (maladie de la vigne) puis la grande Guerre ayant tour à tour sonné le glas de cette prospérité. Suite à l’extinction de la vigne, des vergers (pommiers) seront plantés. Néanmoins, l’exode rural se poursuit jusque dans les années quatre-vingt. Aujourd’hui, certaines caves servent encore à l’affinage des fromages, notamment le " Saint-Nectaire ". De nos jours, après un long déclin, la population commence à croître à nouveau.

A 1 km environ au nord-est de Montaigut, le village de Saint-Julien possédait également, à la fin du XIème siècle, une église. Le site et la dédicace de l’église au saint Julien, très réputé en Auvergne depuis les débuts de l’époque mérovingienne, paraissent indiquer une origine ancienne et inclinent à penser que ce village représente l’habitat primitif ; Montaigut serait un dédoublement. Un peu plus au Sud, Reignat, pittoresque village haut perché, auquel on accède par une route sinueuse, était une paroisse indépendante et fut un temps, sous la Révolution, une commune. Voir la composition de la commune.

D’après la toponymie, le village de Saint-Julien daterait d’avant Montaigut-le-Blanc qui aurait été fondé au xie siècle à l’occasion de la construction du château[2].

Montaigut-le-Blanc est dominé par la masse sombre d’un château : celui-ci est une imposante forteresse féodale, comme en témoigne la représentation qui figure dans l’Armorial de Guillaume Revel, réalisé vers 1450. Les Montaigut étaient alors une puissante famille de seigneurs, qui tenaient le château en fief des dauphins d’Auvergne. Disposé en cascade sur le versant, le village, encadré de vignes et de vergers, possède un charme méridional.

Le nombre d’habitants au cours des siècles est proportionnel à la prospérité du village. Au Moyen Age, d’après le " nombre de feux ", Montaigut avait une population d’environ 700 habitants. Au XVIIIème siècle, environ 800 personnes y habitaient. En 1826, la population s’élevait à 1385 habitants ; c’était la période " riche ", grâce à la culture de la vigne.

En 1968, le nombre d’habitants n’était plus que de 524 ; il atteint même 507 en 1982 : les campagnes se vident au profit des villes industrielles, c’est l’exode rural. Il faut attendre 1990 pour voir la population augmenter à 573 habitants. Le dernier recensement (celui de 1999) dénombre 609 habitants : c’est le " retour à la campagne ".